Quelle est l’empreinte carbone de nos vêtements ?

Quelle est l’empreinte carbone de nos vêtements ?

L’industrie de la mode est souvent perçue comme créative et tendance. Pourtant, elle cache une réalité bien moins glamour : elle fait partie des secteurs les plus polluants de la planète.

Selon une étude de la Fondation Ellen MacArthur, l’industrie textile est responsable de 1,2 milliard de tonnes de CO2 chaque année, soit plus que les vols internationaux et le trafic maritime réunis.

Chaque vêtement que nous portons a une empreinte carbone liée à toutes les étapes de sa fabrication et de son usage : culture des matières premières, transformation, confection, transport, entretien et fin de vie.

Comprendre cette chaîne d’impacts est essentiel pour consommer de manière plus responsable.

Des matières premières très énergivores

Prenons l’exemple du coton. Derrière un simple tee-shirt en coton se cache une consommation de 2 700 litres d’eau, soit l’équivalent de 13 douches de 5 minutes.

À cela s’ajoute l’utilisation de pesticides, d’engrais chimiques et de carburants pour les machines agricoles.

Résultat : environ 2,5 kg de CO2 émis pour un tee-shirt.

Les matières synthétiques comme le polyester, issues du pétrole, sont elles aussi très polluantes.

La fabrication d’un pull en polyester génère environ 5,5 kg de CO2. Ces fibres libèrent également des microplastiques à chaque lavage, qui terminent leur course dans les océans, participant à la pollution marine.

La laine, souvent perçue comme naturelle, n’est pas neutre non plus. Les élevages de moutons produisent du méthane, un gaz à effet de serre 25 fois plus puissant que le CO2.

Selon une étude de Quantis, la production d’un pull en laine peut atteindre 12 à 15 kg de CO2, soit six fois plus qu’un tee-shirt en coton.

Un transport international à forte empreinte carbone

Les vêtements parcourent des milliers de kilomètres avant d’arriver dans nos armoires.

Un jean, par exemple, peut faire le tour du monde : coton cultivé en Inde, filé en Chine, teint au Pakistan, confectionné au Bangladesh, puis expédié en Europe.

Ce trajet génère des émissions supplémentaires, surtout lorsque le transport se fait par avion pour des raisons de délai commercial.

À titre d’exemple, un jean parcourt en moyenne 65 000 km, soit une fois et demie le tour de la Terre. Chaque étape logistique, par bateau, camion ou avion, alourdit l’empreinte carbone du produit.

L’usage domestique : une étape souvent sous-estimée

Laver un vêtement à 60°C consomme trois fois plus d’énergie qu’à 30°C. Le sèche-linge est également très énergivore.

Selon l’ADEME, l’entretien des vêtements représente jusqu’à 40 % de leur empreinte carbone totale.

Réduire la température de lavage, éviter le sèche-linge et espacer les lavages sont des gestes simples qui permettent de diminuer cet impact.

Un exemple concret : laver une chemise 50 fois à 60°C avec séchage en machine peut doubler son impact environnemental par rapport à un entretien à basse température et à l’air libre.

La fin de vie : un défi environnemental majeur

Chaque année, en France, 700 000 tonnes de textiles sont jetées, dont seulement un quart est recyclé ou valorisé. Le reste finit enfoui ou incinéré, contribuant aux émissions de CO2. Les fibres synthétiques mettent des centaines d’années à se décomposer.

Donner une seconde vie à ses vêtements est pourtant une solution efficace.

Acheter en seconde main, organiser des échanges entre particuliers ou déposer ses vêtements dans les points de collecte permet de réduire la production de nouveaux articles et donc les émissions associées.

Vers une mode plus responsable

Face à ce constat, la mode éthique propose des alternatives. Des marques comme Veja, Patagonia ou Hopaal misent sur des matières recyclées, une production locale ou des circuits courts.

D’autres initiatives comme la location de vêtements ou les friperies se développent pour limiter la surconsommation.

Choisir un jean fabriqué en Europe avec du coton biologique peut réduire son empreinte carbone de moitié par rapport à un jean issu de la fast fashion.

Opter pour des vêtements éco-conçus, certifiés par des labels comme GOTS ou Oeko-Tex, est également une démarche bénéfique.

Un changement à la portée de tous

Réduire l’empreinte carbone de notre garde-robe passe par des choix plus conscients.

Acheter moins, mieux, privilégier la qualité à la quantité, entretenir ses vêtements de façon responsable et prolonger leur durée de vie sont autant de leviers à notre portée.

La mode durable n’est pas une utopie, elle commence par des gestes simples et une prise de conscience collective. Chaque achat est un vote pour le monde que nous voulons construire. Et vous, quel sera votre prochain choix responsable ?